Le déploiement de la fibre en France

Le déploiement de la fibre en France - Dstny France

Le déploiement de la fibre optique en France : état de la situation

En 2013, l’Etat s’était engagé à ce que tous les Français aient accès à l’internet très haut débit pour 2022. 80% de cette couverture devait s’effectuer par fibre optique. A un an de l’échéance, nous vous proposons un tour d’horizon de la situation.


La base du déploiement de la fibre en France : le Plan Très Haut Débit

Le réseau filaire optique est l’ultime technologie permettant une connexion internet très haut débit. On pourrait qualifier ce réseau de TGV de l’internet : Transfert de données à Grande Vitesse. Ces données transitent via des cables contenant des fils de verre voire de plastique d’une finesse égale à celle d’un cheveux.

Le Plan Très Haut Débit -PTHD -, initié par l’Etat en 2013, a pour but de couvrir d’ici 2022 la France hexagonale en internet très haut débit. Ce plan doit permettre aux Français d’avoir accès à un internet très performant sur l’ensemble du territoire. Le PTHD prévoit encore de renforcer la compétitivité de l’économie hexagonale et de faire de la France un pays attractif pour ses capacités technologiques boostées par un réseau internet très performant. Ce plan ambitionne encore le développement de services publics plus efficaces partout dans le pays notamment dans les zones rurales reculées.

Le déploiement de la fibre impose l’installation d’équipements particuliers. Ainsi, le développement du réseau s’effectue selon deux axes. En ce qui concerne les grandes agglomérations et les chefs-lieux (57% de la population), le déploiement de l’internet très haut débit est confié aux opérateurs privés. Quant aux collectivités territoriales, elles doivent assurer le déploiement de cette technologie sur le reste du territoire, en s’appuyant notamment sur les réseaux publics.


Le bilan de mi-parcours

En 2018, l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires a proposé un bilan à mi-parcours du Plan Très Haut Débit. Concrètement cette année, le territoire était couvert à 56% en très haut débit. Les collectivités territoriales ont joué le jeu et dépassé les espérances. Quant aux opérateurs privés dans les grandes agglomérations, ils paraissent avoir été à la hauteur puisque rien qu’en 2018 ils ont rendu raccordables 2,5 millions de lignes FttH. Néanmoins, ce formidable élan n’allait-il pas subir ralentissement désastreux suite à l’apparition de la pandémie ?


2020 : rien n’arrête la fibre, pas même le COVID-19

En mars 2021, l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires, via son directeur du programme France Très Haut Débit, annonçait que 5,8 millions de locaux avaient été rendus raccordables à la fin de l’année précédente. Ainsi 2020, première année de la pandémie de COVID-19, aurait été l’année record pour le déploiement de la fibre optique.

L’ensemble de la filière a semble-t-il su faire fi des défis imposés par la crise sanitaire. Elle a même était en condition de répondre à l’augmentation de la demande en internet très haut débit, liée au développement du télétravail, de la téléconsultation, des cours par visio-conférence, etc… Ainsi, selon l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires, ce ne sont pas moins de 3,3 millions d’abonnements FttH qui ont été souscrits en 2020. En comparaison, pour l’année 2018, soit à mi-parcours du PTHD, seulement 1,6 million de contrats avaient été souscrits.


Le nombre d’abonnements en hausse

L’Agence nationale de la Cohésion des Territoires – ANCT – n’a pas encore livré ses chiffres pour l’année 2021. Il faudra donc se contenter de ceux de 2020. Toutefois, nous savons que sur la base d’une estimation de 40 millions de locaux répartis sur le territoire, 30 millions seraient éligibles au très haut débit filaire, selon l’ANCT, dont 24 millions desservis par un réseau en fibre optique.

Sur ces 30 millions de lignes éligibles au très haut débit filaire, 19 millions ont été installées par les opérateurs privés.

Ces chiffres propulseraient la France en tête des pays européens en nombre de locaux raccordés à l’internet très haut débit.

L’ANCT prévoit qu’en 2021 le nombre d’abonnés aux offres très haut débit dépasse celui de abonnés aux réseaux de cuivre. L’évolution des conditions de travail consécutivement à la pandémie et le déploiement de l’internet très haut débit ont permis d’atteindre les 12,4 millions d’abonnés à la fibre optique en juin 2021 soit 46% des foyers éligibles à cette offre d’internet très haut débit.


Les territoires ruraux : l’autre réalité

L’air triomphant de l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires disparaît lorsqu’on aborde le déploiement des réseaux internet très haut débit en territoires ruraux. Le double ton est d’usage : le process est bien engagé mais il y a de grandes difficultés à surmonter.

La réalité du terrain n’est pas la même que pour les grandes agglomérations. Les territoires ruraux imposent une plus grande complexité technique aux installateurs. Par ailleurs, les collectivités locales des ces espaces ruraux n’ont pas les capacités financières des autres agglomérations.

Les défis techniques et économiques qui s’imposent aux territoires ruraux viennent donc troubler le tableau optimiste dépeint par l’ANCT. Pour une généralisation de l’internet très haut débit en France, l’Agence parle d’un objectif atteignable pour 2025 et non plus 2022.


Un dynamique cassée par la pénurie de matériaux

Nous avons vu qu’en mars 2021, le directeur du programme France Très Haut Débit, affilié à l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires, affirmait que 2020 avait été une année record pour le déploiement du réseau internet très haut débit. La pandémie n’aurait pas eu d’effet négatifs sur la dynamique d’installation.

Néanmoins, il risque d’en être tout autrement pour 2021-2022. L’opérateur Orange connaîtrait des problèmes d’approvisionnement de poteaux, essentiels pour un bon déploiement de l’internet très haut débit dans certains endroits surtout dans les zones rurales. L’Autorité de régulation des telecoms – Arcep – confirme que plusieurs opérateurs des telecoms remontent des problèmes d’approvisionnement liés aux pénuries de matières premières qui impactent l’ensemble de la planète.

En ce qui concerne le bois, matière essentielle pour la fabrication de certains poteaux, les stocks produits en Europe sont vendus aux Chinois et aux Américains qui proposent d’acheter le bois en très grande quantité et à un prix très élevé. Quant aux poteaux métalliques, la matière première est également concernée par les pénuries d’acier notamment en Chine.

Alors que l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires préfère caracoler sur la dynamique de 2020, le gendarme de telecoms, lui, annonce la couleur pour 2021-2022 : un ralentissement du déploiement à cause de la pénurie des matières premières.


L’objectif de 2025 non réalisable

L’Observatoire du Très Haut Débit ne prédit pas une atteinte de l’objectif fixé par l’Etat pour 2025, à savoir une couverture à 100% du territoire en offre à très haut débit. 80% de cette couverture devait s’opérer par réseau filaire optique.
Cet Observatoire prédit un taux de déploiement du réseau filaire optique à 87% pour fin 2022. Ce taux est porté à 95% pour fin 2025 .

Même si l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires affirme que le rythme de déploiement du réseau filaire optique ne faiblira pas pour 2021, deux réalités laissent pourtant croire le contraire : la pénurie de matière première et les disparités relevées en territoires ruraux. Dans ces dernières zones, 42% des locaux seulement sont couverts tandis que dans les grandes agglomérations, la couverture atteint 87% des locaux en juin 2021. Même si le Gouvernement promet que tous les Français auront accès à l’internet très haut débit, il est peu probable que l’objectif de 100% soit atteint pour 2025.